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D - Les pouvoirs de la musique

 

1 - La musique et le sport

 

Des expériences, aussi bien menées aux États-Unis qu’au Japon, confirment que la musique agit favorablement sur notre corps. Dans le domaine sportif tout particulièrement, la musique peut améliorer les performances, augmenter les capacités physiques et aider à mieux supporter la douleur.

La musique aide à la concentration, à la préparation mentale et à réduire la sensation de fatigue et de douleur, ce qui par conséquent permet la durée des exercices physiques. Cette observation est particulièrement intéressante dans les sports d’endurance où il a été prouvé que l’écoute de musique pendant l’exercice peut réduire la perception de l’effort pouvant aller jusqu’à 12%.

Nous avons interrogé des personnes de notre entourage pratiquant de la course d'endurance et de la gym d'entretien. Elles confirment bien qu'écouter de la musique leur permet dans un premier temps de les motiver à l'effort et dans un second temps d'oublier la douleur physique, ainsi elles pratiqueraient l'exercice plus longtemps.

Il ne faut pas négliger le choix des musiques qui doivent :

 

  * être appropriées à l’activité et à l’intensité. Copland et Franks, deux chercheurs Américains, dans une étude menée en 1991, renforcent l’hypothèse qu’une musique douce et lente réduit l’excitation physiologique et psychologique apparaissant lors d’efforts de puissance submaximale (activité pratiquée au-dessous de sa capacité maximale) et améliore la performance à l’endurance.

Si votre but est de tenir dans le temps, choisissez donc des musiques avec un tempo lent (le BPM est l’unité de mesure du tempo en Battements Par Minute). Dans le cas contraire, lors d’une activité intensive, le sportif est capable de fournir plus d’effort s’il écoute de la musique avec un tempo élevé. Des chercheurs ont confirmé l’hypothèse disant que la musique rapide détourne l’attention de la fatigue occasionnée par l’exercice. Plus le sportif est « distrait » par la musique, moins il sentira la fatigue et plus il sera capable de fournir des efforts. Le tempo garde les personnes éveillées, le rythme cardiaque augmentant. 

 

  * être synchronisées avec l’effort (c’est à dire répétitives et dans le même rythme). Selon une étude que les Américains Anshel et Marisi (1978) ont réalisée sur vélo ergométrique, une musique synchronisée favoriserait davantage l’endurance qu’une musique qui ne l’est pas.

 

  * avoir le même tempo lors de leur enchaînement, dans le but de rester en phase avec la musique précédente pour garder la foulée rythmée et donc efficace. Le fait de choisir des musiques que nous aimons ou de connaître le morceau écouté encourage la motivation.

Enfin, la musique peut améliorer les capacités psychomotrices (agilité, coordination, mobilité). Dans une expérience menée au Japon sur un groupe de femmes pratiquant le « step », des chercheurs japonais ont relevé des effets positifs de la musique sur la condition physique, la fatigue et la coordination des mouvements.

Les sujets soumis à de la musique aérobic (à rythme soutenu) montrent plus de vigueur et une meilleure coordination des mouvements.

 

Pour ce qui concerne les nombreuses vertus de la musique, on sait que celle-ci peut stimuler des personnes qui ont, par exemple, des troubles de la marche ou du langage.

 

2 - Traiter des troubles moteurs

Comme on vient de le voir, la musique permet d’obtenir de meilleurs résultats lorsque nous faisons une activité physique, surtout lorsque les mouvements sont synchronisés avec le rythme de la musique. Le rythme apparaît donc comme un facteur essentiel parmi les autres caractéristiques de la musique. Ainsi il sera aussi utilisé pour traiter des troubles de la marche pouvant être dus à la maladie de Parkinson, à un accident vasculaire cérébral (AVC) ou au vieillissement.

La maladie de Parkinson se caractérise par des tremblements, une rigidité musculaire et une lenteur des mouvements. Cette maladie est neurologique, chronique et dégénérative touchant certains neurones situés à la base du cerveau et responsables de la production de dopamine, importante dans la transmission des informations entre les neurones moteurs. Cette zone étant défaillante, le rythme de la musique va activer un circuit de compensation qui parvient à stimuler l’aire motrice supplémentaire, située dans la partie supérieure du cerveau, responsable de la coordination des gestes.

Une des expériences réussies : synchroniser son pas avec un rythme adapté permet au malade d’apprendre à remarcher naturellement.

Un AVC peut aussi entraîner des troubles moteurs. L’AVC se caractérise, dans 85% des cas, par une lésion d'une partie du cerveau à la suite de l'obstruction d'un vaisseau (accident ischémique ou infarctus cérébral) ou, dans les 15% restants, par la rupture d'un vaisseau sanguin et l'accumulation d'une poche de sang (accident hémorragique ou hémorragie cérébrale). Les victimes peuvent partiellement récupérer leurs capacités motrices en écoutant de la musique rythmée ou en apprenant à jouer d’un instrument.

L’écoute des mélodies apprises au piano, par exemple, active entre autres le cortex moteur (ensemble des aires qui participent à la planification, au contrôle et à l'exécution des mouvements volontaires des muscles du corps), alors que ce n’était pas le cas avant les leçons. On remarque les résultats suivants : une stimulation rythmique et une fluidité des mouvements grâce à la répétition de ces mouvements et à la synchronisation du geste et du son lors de l’apprentissage. Des neuroscientifiques ont montré l’importance du facteur émotionnel et un renforcement des connexions entre les régions auditives et les régions sensorielles et motrices après l’apprentissage.

La musique peut aussi aider à améliorer la qualité de vie des personnes âgées qui présentent des troubles de la marche, le vieillissement se caractérisant entre autres par une lenteur des activités physiques et mentales.

 

Le fait de jouer de la musique améliore, chez ces personnes également, leurs capacités motrices grâce aux stimulations des fonctions cognitives et motrices du cerveau. L’écoute seule de la musique va aussi avoir un effet bénéfique : elle lève en partie l’anxiété ce qui donne aux personnes âgées une plus grande confiance en elles et lors de certains exercices, ces dernières vont se caler sur le rythme et marcher ainsi plus vite et faire de plus grandes enjambées.

Ces expériences sur des personnes aux mouvements limités prouvent bien, au delà de la complexité cérébrale qui fait le pont entre perception et action, que la musique est capable d’améliorer les fonctions motrices du corps humains.

3 - Stimuler le langage par la musique

Nina Kraus et ses collègues de l’Université de Northwestern ont montré que suivre un entraînement musical modifie la façon dont le colliculus inférieur*** (dans le tronc cérébral) traite l’information du langage : le traitement des sons et du ton de la parole est améliorés.

 

De plus, la jouer d'un instrument influe sur le traitement de divers paramètres des sons de la langue, tels que la fréquence. Cela facilite aussi une meilleure compréhension des voyelles et des consonnes. Par ailleurs, on constate également que les réseaux neuronaux impliqués dans le traitement des phonèmes (tels que [pe] ou [be]) et ceux qui traitent les mélodies se chevauchent au niveau du cortex temporal*. En effet, le langage est plutôt traité par, une aire importante, l'aire de Broca** située dans le cortex frontal* inférieur de l’hémisphère gauche alors que la musique est plutôt traitée par le cortex frontal* inférieur de l’hémisphère droit.

Cependant, chaque hémisphère intervient dans le traitement du langage et celui de la musique. Ce partage des ressources neuronales expliquerait donc pourquoi la pratique de la musique peut faciliter le traitement du langage.

Ainsi, trois fonctions partagent les mêmes ressources neuronales : le traitement de la fréquence des sons, celui de la combinaison des mots pour la musique et le langage, ainsi que celui des structures temporelles, tel le rythme.

Les intervalles qui séparent les syllabes en français, façonnent un rythme de parole qui influe sur le traitement du langage parlé. On a constaté que lorsque ce rythme est régulier, cela facilite le traitement de l’information, qu’il s’agisse de percevoir un extrait musical ou des mots.

 

 

Cas particulier de la dyslexie

La dyslexie est un trouble de l'apprentissage de la lecture et de l'orthographe, lié à une difficulté pour différencier les lettres et les syllabes. Les dyslexiques sont des personnes qui ont des difficultés pour lire mais souvent aussi pour écrire. Pour expliquer la dyslexie il faut chercher dans le cerveau et plus précisément dans l’hémisphère gauche, car généralement, le traitement du langage est plutôt assuré par l’hémisphère gauche, où trois zones sont activées quand on lit. Une zone en arrière (V) qui est près du lobe occipital*, une autre plus haut (A) dans le lobe temporal* et la troisième en avant (B) dans l’aire de broca**. Ce sont donc ces trois circuits-là qui sont dysfonctionnels chez les dyslexiques : soit ils s’activent insuffisamment soit un peu trop.

Une autre différence de taille réside dans ce que l’on appelle le faisceau arqué. C'est un ensemble d'axones reliant les aires de Broca et de Wernicke. Les personnes dyslexiques ont une organisation déficiente de ce faisceau.

A l’inverse, des chercheurs ont mis en évidence que, dans le cerveau de musiciens professionnels les zones visuelles auditives et motrices sont plus développées que la normale. Même constat pour le faisceau arqué, qui serait une fois et demie plus important. Grâce à un entraînement répété depuis l'enfance, les musiciens ont amélioré leurs fonctions cognitives. Des capacités qui font défaut chez des personnes dyslexiques.

 

 

 

 

 

C’est à partir de ce constat que des chercheurs ont commencé à se demander si la musique ne pouvait pas être utilisée pour traiter la dyslexie autrement que par la rééducation classique mise en œuvre par les orthophonistes. La pratique de la musique repose sur une anticipation temporelle très précise : il faut respecter le tempo (donc garder la pulsation). Et cet aspect de garder le tempo, de savoir anticiper les événements à venir, c’est quelque chose de très important aussi bien dans la perception de la parole que dans la lecture parce qu’il faut aussi toujours savoir anticiper ce que l’on va dire.

De nos jours certains orthophonistes, à l’aide de divers exercices, comme celui qui consiste à classer les sons de cloches du plus grave au plus aigu, sollicitent l’écoute active de l’enfant. Ils lui demandent de discriminer des sons qui vont être proches puis de plus en plus proches et tout se passe comme s'ils préparaient un petit peu le terrain pour ensuite revenir un travail orthophonique plus classique de ce qu’ils appellent la phonologie, c’est à dire, être capable de discriminer les sons du langage, par exemple, le [pe] de pain et le [be] de bain qui sont souvent confondu par l'enfant. Ces ateliers ne remplacent pas une rééducation classique mais renforce l’aspect ludique et émotionnellement positif de la rééducation. L’utilisation du rythme de la musique aide les enfants à ensuite tenir le rythme d’une phrase et à se concentrer. Les bénéfices de la musique sont nombreux : amélioration de la lecture, de l’orthographe, de la concentration, …

Cas particulier de l’aphasie

La musique peut être efficace dans la prise en charge des personnes victimes d’un accident vasculaire cérébral qui présentent, après leur accident, des troubles de la parole. L’aphasie, ou perte de la parole, peut-être plus ou moins importante. Pour la rééducation du langage, plusieurs approches ont été proposées, par exemple la thérapie d’intonation mélodique. Cette méthode est assez souvent utilisée pour des personnes ayant une importante lésion de l’aire de Wernicke** qui a provoqué une importante aphasie. Cette activité thérapeutique encourage l’hémisphère droit du cerveau à compenser les capacités d’élocution habituelles du second hémisphère.

Le principe de la thérapie étant d’exploiter les systèmes linguistiques de la langue française, à savoir l’accentuation, l’intonation et le rythme comme moyens de facilitation sur deux versants : celui de la réception et celui de l’émission. La thérapie comporte de nombreux exercices dont certains consistent par exemple à écouter des mélodies qu’il faut ensuite fredonner et d’autres à reproduire des rythmes : le patient reproduit une séquence rythmique de coups frappés à intervalles réguliers avec sa main gauche (commandée par l’hémisphère droit), par exemple sur une table, à chaque syllabe. La méthode faciliterait la production de la parole grâce à une implication plus importante de l’hémisphère droit dans l’articulation de la parole. Cet hémisphère est sollicité par la mélodie, la production relativement lente des syllabes (une syllabe par seconde) et les mouvements de la main gauche.

 

 

    En conclusion, nous avons étudié la chaîne de transmission et d'analyse qui permet à un signal sonore d'aller jusqu'au cerveau.

Nous avons ensuite décrit les capacités que ce dernier peut développer grâce à certains signaux musicaux.

Au-delà de l'effet Mozart qui fait encore débat aujourd'hui, nous avons vu l'effet bénéfique que la musique en général peut avoir sur le développement intellectuel d'un être humain.

Des études ont été réalisées pour évaluer les effets de la musique sur l'homme. Elles ont débouché sur plusieurs possibilités d'amélioration ou de réparation des capacités physiques et intellectuelles.

Pour mémoire, nous pouvons rappeler à titre d'exemples :

 * Impact de la musique sur le langage : ce sont les aspects principalement rythmiques de la musique, qui aident les personnes atteintes, entre autres, d’aphasie et de dyslexie à mieux maîtriser la parole.

 * Impact de la musique sur la motricité : le fait de jouer d'un instrument de musique permet à des personnes de retrouver une motricité perdue (suite à, par exemple, un AVC, la maladie de Parkinson, ou au vieillissement) et écouter de la musique peut aider à améliorer les performances d'un sportif.

Par ailleurs, ces études ont permis le développement de la musicothérapie qui est une démarche de soin utilisant également la musique.

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